François Berger

écrivain, éditeur, essayiste et conférencier

Un été avec Teilhard

« Les institutions l’ont endigué et canalisé, les moralistes ont cherché à le réglementer, on feint de l’ignorer dans la science, dans les affaires, dans les assemblées alors que, subrepticement, il est partout. » De quoi parle-t-on sinon de l’amour sur lequel Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955) écrivit des pages admirables et fécondes.

Jésuite, philosophe, théoricien de l’évolution, géologue, zoologue, paléoanthropologue (comme l’éminent Yves Coppens qui vient de nous quitter), participant à de nombreuses missions archéologiques, notamment en Chine, son œuvre, quelque peu oubliée, interpelle toujours. Plusieurs de ses écrits, notamment « Le milieu divin » et « Le phénomène humain » restent à découvrir ou à redécouvrir en ces temps de graves dérèglements climatiques.

Pour Teilhard une « religion de la Terre » doit se substituer à une « religion du Ciel ».

…Le Vatican condamna cette pensée puissante et nouvelle, mais en opposition au dogme catholique issu de la Genèse. Il fut très longtemps interdit d’enseignement et de publication. Selon le prêtre et homme de science, l’esprit de l’humain, son intelligence et sa volonté libre sont le résultat d’une évolution déterministe de la matière.

Sans doute sa recherche permanente, son expérience du mal, comme brancardier durant la Première Guerre mondiale, et sa longue passion amoureuse mais platonique ont-elles forgé sa foi en l’existence d’une énergie suprême dont l’amour est la « réserve sacrée.» (Sur l’amour, ch.2)

Fidèle à lui-même, il écrivit : « L’amour demeure une aventureuse conquête, se développant, comme l’Univers, par une perpétuelle découverte. » (Ch.2)

L’humanité aspire à la communion universelle, évoluant vers le point « Oméga », Le Christ, terme de l’évolution.

Pour Teilhard célébrant « la messe sur le monde », l’humanité parviendra un jour « à capter pour Dieu les énergies de l’amour », et alors, « Une deuxième fois, dans l’histoire du Monde, l’Homme aura trouvé le feu ! » (Ch.3), dit-il magnifiquement.

Dans le calme de l’été, au pied de l’arbre grandissant, prends le livre de celui qui fut aussi poète !

 

François Berger,
écrivain, éditeur
membre de la Société européenne de culture